Léonard fut toujours attiré par le sublime comme par les difformités. Ainsi il réalisa des têtes grotesques, des dizaines de têtes monstrueuses.
Il y a les têtes chargées dont des éléments expressifs sont accentués. Il y a aussi la caricature qui avec plus de précision met en évidence les aspects négatifs d’une personne.
Cependant les têtes grotesques se différencient par le fait que, à partir d’observations de la nature, Léonard créé des physionomies n’existant pas dans la réalité.
Il a toujours été attiré par le contraste entre une forme parfaite à la beauté absolue et l’infiniment laid ou le monstrueux.
Ce sont les deux pôles entre lesquels évolue sa personnalité : il contemplait la beauté merveilleuse mais il était attiré par les côtés obscurs, par les secrets et les pulsions. Léonard se passionnait pour le conflit entre jeunesse et vieillesse, pour l’éclat du jeune âge et et la décrépitude d’un corps vieillissant et sa corruption.
Bientôt Léonard va se consacrer à des réalisations en cire : il réalise des têtes d’après nature. Certaines d’entre elles sont transfigurées en modèles d’une beauté divine et d’autres, telles Judas, sont chargées pour mettre en évidence le côtés les plus négatifs : c‘est de ces années (vers 1490) que datent les têtes grotesques.
Léonard est arrivé à ces figures par le biais de son intérêt pour la physiognomonie et aussi de la pathognomonie qui tire d’un visage des déductions pour diagnostiquer une pathologie.
N. B. Les grotesques : cette orthographe est due au fait que les visiteurs qui au début pénétraient dans la Domus Auréa avaient le sentiment d’êtres dans des grottes. il y adonc deux orthographes, deux sens au mot : d’une part il exprime l’aspect, le caractère difforme d’une figure et d’autre part il désigne le lieu où furent produites ces images à Rome.
André Chastel a repris cette orthographe pour montrer les caractères très particuliers des grotesques qui ne sont pas que des figures grotesques ou ridicules, ni des caricatures.
– D’une part les grotesques se déroulent sur des fonds plats , décoratifs, uniformes et sans profondeur ni perspective.
– D’autre part elles sont des compositions hybrides liant dans une même figure l’humain, le végétal et l’animal.
R.Dumoux
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