Le métier de la peinture

La petite toile légère qu’il portait sous le bras, était  soigneusement emballée,
Elle venait de voyager ; venant de la campagne, elle allait maintenant se trouver accrochée au mur d’un appartement dans une grande ville.
Elle représentait un personnage aux couleurs vives, quelque peu expressionniste, comme un reflet d’un Matisse encore « fauve ». C’était déjà pas mal.

Parmi divers objets et dessins, le modelage d’un pied tout en finesse était merveilleux.
Mais pour la peinture il y avait beaucoup à dire, surtout pour faire autre chose…d’une autre manière, plus vraie.
Il fallait voir le support, comment le préparer sainement selon des procédés de métier, comment peindre.

Le site viapictura.com fournit des exemples précis  de techniques picturales.
Il est bien de donner ici quelques conseils basiques pour ce métier de la peinture qui est essentiel, permanent et unique. (De façon à faire des essais concluants dés le début.)

Le support de toile ou de bois ou carton fort sera encollé à la colle de peau trempée la veille, et chauffée au bain marie (10 gr de colle – 100gr d’eau)
Une couche mince sera ainsi passée sur le support. (Passer une légère couche au verso pour maintenir la planéité du support)
Dans le cas de support de bois, il est mieux de maroufler un papier mince ( l’histoire de la peinture est riche en oeuvres sur papier marouflé à la colle de parchemin. (ex: Rubens) ou une toile fine.
Le papier ou la toile fine étant encollée sur le support, après séchage il est nécessaire de poser une préparation. Cette préparation est obtenue à partir de la colle ( 100 gr. eau et 10 gr. colle) à laquelle sera mélangé du plâtre ou bien du blanc d’Espagne( de 30 à 50gr.) Le plâtre étant réservé aux supports rigides.

Ces encollages et préparations sont basiques.
Évidemmentles préparations selon des recettes diverses (Pacheco) peuvent être enrichies et il est possible de passer 3, 4 ou 5 couches minces successives.( Le ponçage final assure une finesse et une grande transparence à la couleur qui viendra s’y poser)
Sur un tel support, même très maigre (ex: le Christ mort de Mantegna) tout essai coloré sera convainquant.

Il est possible  de travailler de grandes surfaces colorées plus ou moins saturées ou unies ou monochromes, comme dans les tableaux de Rothko ( qui sont réalisés avec des procédés similaires.. d’où leur aspect fascinant)
Dans  ce cas il faut procéder à un broyage des couleurs: les couleurs en poudre, les pigments sont liés c’est à dire agglutinés soit avec une colle de peau, à chaud (Odilon Redon) ou plus facilement ici avec un jaune d’œuf duquel on aura retiré la peau. Le broyage consiste donc à mélanger des pigments au jaune d’œuf. Il est bien sûr nécessaire de diluer très largement le tout de vinaigre, de façon à obtenir une couleur liquide et transparente. Plusieurs couches ainsi transparentes peuvent être superposées. Il faut observer les variations ainsi obtenues.

La peinture est une question de couches et de transparences depuis la préparation du support à la colle.
L’apprenti peintre voudra peut-être auparavant dessiner une composition, quelques lignes d’un portrait, d’un personnage ou d’un objet. Cette mise en place pourra se faire au fusain ou bien à la mine de plomb dure ou encore à la pointe d’argent (ex: les dessins à la pointe d’argent de Dûrer.)
Dans un article sur les techniques graphiques de mes dessins cette question sera plus amplement développée.

Ainsi la petite toile dont je parle en début d’article va se métamorphoser: les formes peuvent être sommaires, mais la couleur est devenue vivante semblable à une peau, avec ses reflets, irisations diverses et transparences insaisissables.

La plupart des « œuvres peints » que l’on peut voir montre des surfaces mortes, des croûtes qui ne sont pas du domaine de la peinture. Reste néanmoins leur intérêt actuel en temps que graphisme ou graffiti.
Dans un prochain article je compléterai ces considérations avec des réflexions sur la complexité et la grande simplicité de ce métier.

Avec les choses les plus simples on se rapproche de la perfection.

R.Dumoux
www.viapictura.com

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