La GRAVURE mon travail actuel

Image à la une : l’atelier de gravure de Raymond Dumoux (Photo Stéphane Dussably, ©viapictura.com)

De longue date je travaille durant chaque hiver à la gravure en pointe sèche ou à l’eau forte et au burin.

Cette année de nouvelles réflexions se font jour relativement à ce travail.
L’écriture, la gravure, le Livre, l’expression d’une intention, d’un dessein, d’un graphisme particulier (ici par les procédés de la taille douce) sont bien présentes et comme confirmées ..
Il s’agit là de la faculté de dire, d’exprimer et de transmettre des notions, des concepts permanents de la culture. Aussi nous pouvons nous ressourcer dans Homère, Horace, Ovide ou Jésus. Se ressourcer aussi pour transmettre et sensibiliser les autres à ce qui fait la richesse de notre culture, depuis Sumer et l’épopée de Gilgamesh (voir Blog viapictura Gilgamesh)

La  gravure comme l’écriture semble être une fonction du langage qui se pratique, se perpétue  par les mots, par les signes cunéiformes, par les lettres, par les phrases et les images.
Le signe gravé est un geste, un appel dans l’espace, un mouvement, une Danse. Il est chargé d’une expression émotive et ensuite il devient  un mot, une image, une métaphore. Il prépare à une communication profonde avec autrui. Il résulte d’un bon fonctionnement physique des muscles tendons ou nerfs avec suffisamment de force et souplesse… depuis la Main qui parle.

Toujours en considérant le lien entre notre corps physique et l’écriture, la planche gravée sur cuivre offre au toucher, en l’effleurant, un plaisir des sens, une familiarité de lecture (qui peut faire penser à l’écriture braille)

Et aussi se discernent les contours, les formes, aplats et dégradés comme si on ressent les profils et modelés d’un portrait en médaille dans ses moindres finesses.
Ainsi on pense là aux camées et aux portraits antiques jusqu’à nos médailles réalistes des portraits de personnalité sur certaines pièces de monnaie.
Mais il s’agit là d’un autre grand chapitre de l’Histoire de l’art.


En fait il existe deux éléments à distinguer dans la pratique de la gravure en taille douce.

– D’une part l’atelier du graveur, son organisation rigoureuse avec tout l’outillage et son ordonnance précise pour des réalisations parfaites

D’autre part, l’esprit du graveur qui surgit, né de ces pratiques du métier mais aussi surtout d’un ailleurs humain du graveur, comme un fluide avec sa culture, jusqu’à sa main, dans l’intimité de ses muscles et de son système nerveux qui détermine des gestes très personnels, avec un élan, un lyrisme vital qui se déroule depuis ses neurones. Comme si se situait là, la vérité du graveur… dans  une véritable calligraphie personnelle.


L’atelier de gravure de Carole Texier à Paris. (http://www.caroletexier.com/media)
Maxime Préaud dans « Nouvelles de l’Estampe » donne une description du plus grand intérêt, de son installation et de tout l’outillage nécessaire à la pratique de la gravure :

Sont passés en revue la situation de cet atelier et ses divers compartiments. Il y a l’orientation de la fenêtre au Nord, devant la table, protégé de la lumière trop forte et irrégulière par un calque.
Il y a la table encombrée de burins, d’une pierre à aiguiser, une loupe, une paire de ciseaux au bout arrondi, des grattoirs, ébarboirs, des échoppes. On découvre une boîte emplie de tortillons de cuivre, comme des spirales obtenues par le glissement du burin sur le cuivre au moment de graver les courbes.. Tout proche un ébavureur qui permet de biseauter les bords du cuivre. D’autres petits outils tels un cutter, une lime, une plaque de cuivre pour tester l’affutage du burin, une pince à épiler.
De l’autre côté de la table à dessin, il y a des étagères sur lesquelles s’entassent des papiers, des blocs de dessins, de vieilles photos, des pastels. Le long du mur on découvre des rouleaux de papier, sur une table de nuit des gants blancs pour ne pas salir les estampes, des bouchons de liège pour planter les burins et les protéger. Sur une cheminée, 22 volumes de la collection  Nelson (il yen a 451)
Toujours sur la cheminée  en marbre rouge on voit des sculptures en chêne calciné et ciré  représentant des pénitents de Séville, des plies de plaques de cuivre travaillées ou non
On aperçoit une estampe du livre de Carole Texier : Nazareno de Séville, des gravures en bois de 2015, la semaine sainte : ce sont les différentes confréries de pénitents qui défilent dans les rues de Séville ;
Et puis on remarque aussi les rayonnages d’une bibliothèque. Une partie est réservée à la musique ! le flamenco , Fitzgerald. Il y a des romans Russes  Tolstoï, Dostoïevski, Guerre et Paix de Tolstoï. Des arabes comme Mahfouz, des livres sur l’art  et en particulier « Le Traité du Burin de Flocon »

Ainsi c’est une impressionnante découverte que l’atelier de Carole Texier à Paris. Nous est dévoilé un véritable métier d’art dans toute sa complexité et sa richesse.


Bien que travaillant moi même la gravure et connaissant ces pratiques, depuis des années, je suis impressionné, devant cette organisation parfaite, sans commune mesure avec mon atelier  personnel qui apparait  plus pauvre.  Je dispose cependant d’une belle petite presse à taille douce et de tous les outils de base.
Dans la description de mon atelier apparait surtout son caractère humble, humide avec parfois des moisissures ici ou là . On ressent des humidités et des mousses, des poussières et toute une présence qui fait songer aux élevages de poussières de Marcel Duchamp.

Il y a des entassements divers, des catalogues anciens, des piles de vieux journaux ou chiffons, du papier de journal froissé et noirci qui a servi aux premiers essuyages des plaques, selon un usage courant. Des pots de peinture sur des rayonnages de fortune. Il y a ma presse  et tout près une table de travail, recouverte d’épais journaux comme un coussin .
Et autour de cette table sur un rayonnage sont bien en évidence les outils essentiels de la gravure : les encres, boîtes ou tubes, les tampons à encre, des bouchons de liège préparés pour les encrages, des boîtes contenant des burins protégés de bouchons de liège. De chaque côté de cette table  son entassées des piles de cuivre de gravures plus abouties et enveloppées. On distingue un réchaud à gaz et des  abrasifs légers, gomme à gravure. Sur d’autres étagères des bouteilles d’acide, un flacon de Miror et puis il y a de la tarlatane sur un fil tendu au plafond avec divers chiffons. Papiers de verre, chiffons voisinent aussi avec des épreuves tachées ou ratées.

 On s’attend à faire des découvertes : avec des entassements de papiers divers, du plus banal au plus précieux, du papier de soie du commerce se mêle à de belles feuilles de papier de Richard de Bas ou bien à des fragments de papier Rives plus ou moins aquarellé mais aussi lavé et frotté, donc usé. Et encore des anciens registres notariés utilisés parfois pour réaliser des palimpsestes. Il y a aussi des épreuves abandonnées dont les bords sont parfois maculés de taches de rouille, de pigments.

(Les épreuves réalisées se collectent en abondance dans des valises et des caisses en divers endroits de la maison-atelier) sous la forme de stock imposants.

On imagine très vite dans cet atelier, une sorte de personnage dessinant ou gravant sur le mur un ex-voto, un désir ou un portrait de mémoire accompagné d’une date. Tout cela à l’aide d’une pointe quelconque qui entaille et raye la cloison de la cellule… pour un envol vers la Liberté… à partir de cette petite lucarne que l’on peut voir sur une photo.

 N.B. Cet article fut écrit au moment du travail de plusieurs cuivres et en particulier sur Orphée. Maintenant, un grand cuivre  sur l’historique de  la Russie est en cours de réalisation.

R. Dumoux
www.viapictura.com

L'atelier de gravure de Raymond Dumoux. Photo Stéphane Dussably. ©viapictura.com
L’atelier de gravure de Raymond Dumoux. Photo Stéphane Dussably. ©viapictura.com

Gravures et dessins pour un Atlas cosmique de R.Dumoux

Image à la une :  » Constellation » – crayon de couleur et mine de plomb. 21 x 29 cm – 2007 – R. Dumoux

 

Gravures et dessins pour un Atlas cosmique .

L’ensemble de mon travail repose sur la présence permanente du dessin et de la gravure: la source de tout mon travail et de sa variété. www.viapictura.com
Les gravures sont des gravures de recherche ou d’études mais aussi des gravures d’interprétation des tableaux, de petite dimension ou monumentaux, réalisées avant la réalisation picturale  ou au contraire après….
Telles sont les gravures présentées dans un précédent article : la suite de 40 gravures évoquant l’ensemble monumental peint de 40 toiles monumentales. Panorama de 40 Gravures
Ce travail de gravure repose sur ma pratique quotidienne du dessin.
Le corpus de mes  dessins est immense, se développe sur environ 40 ans de façon continue de façon parfois volontairement  systématique,
Ce Travail doit être considéré sous l’angle de la Variété. Toute les images du monde réel ou fictif y paraissent. C’est pourquoi il est bien de qualifier tout cet Univers  d’Atlas ou Atlas cosmique… du fait qu’il s’étend dans l’espace mais aussi dans le temps , du monde sous terrain au monde aérien, englobant toutes les couches, toutes les strates de la vie terrestre, du paradis et de l’enfer.

Ainsi défilent des cohortes bigarrées :

l’histoire, la mythologie, les miniatures médiévales, les allégories, les amours des dieux, les animaux, la peinture religieuse,  la charité, l’exotisme, les oiseaux exotiques, le détails anatomiques, les détails de natures mortes, les fleurs et plantes, les éléments.le déluge , l’enfer, les cercles de l’enfer de Botticelli, , les enlèvements, crucifixions, danses, le baiser d’Amaryllis, les drapés, les danses macabres, éros et thanatos, les difformités, les corps malades de la peste, la fontaine de Bethésda, les grimaces  et les caricatures, les portraits, les évangélistes, le jugement dernier, le Baptême de St Jean Baptiste dans le Jourdain, le noeud d’amour, la résurrection, l’érotisme, les serpents dans Moïse et Aaron, l’argent, les péchés capitaux, le temps, les anges, les scènes grotesques, les décors et figures de grotesques, figures hybrides, la fessée, élève rossé, les saisons, les travaux des champs, tailler, bêcher piocher etc, les fruits, les raisins, le blé, crânes et transis, vanités, ..

Cette liste, cette accumulation caractérise mon travail de dessin au cours des deux derniers mois d’Avril et mai 2012. Cela représente une suite  continue et abondante de dessins aboutis, un fleuve qui a sa vie propre. Ce flux est composé d’éléments très variés. La Variété caractérise l’ensemble de ce travail de dessin.
Il se trouve que je suis passionné de William Hogarth qui précisément parle de la Variété dans son travail, dans un chapitre de son livre « Analysis of Beauty ». Variété en effet dans une gravure de Hogarth tel le lever de la Comtesse de la série du « mariage à la mode »  Gravure où l’on voit des natures mortes symboliques, des frises de figures, un paravent peint d’une scène complexe, des draperies encadrant un miroir, des rideaux ouverts sur un lit, des tableaux au mur. Le spectateur fait une sorte d’investigation archéologique … visite ce palimpseste dense.

Le lecteur peut se rendre sur le site www.viapictura.com et découvrir des ensembles de dessins et gravures. Il manque bien sûr des exemples plus récents dans ce courant graphique dont les concepts se développent dans les compositions gravées et peintes, parfois en très grandes dimensions comme aussi en miniature.

(Cela laisse présager de la proximité de pensée entre la miniature et le monumental. La miniature devant paraitre monumentale comme une oeuvre de Pol de Limbourg  et le monumental devant être travaillé au (petit) pinceau à la manière d’une  miniature. Paradoxe à développer.)

R.Dumoux
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Panorama de 40 Gravures

Série de 40 Gravures . (1er article)

Cet article est  relatif à une suite de 40 gravures à la pointe sèche.
L’ensemble est visible sur le site viapictura.com ici : http://www.viapictura.com (3ème diaporama)

Les 40 gravures (cuivres de 25 x 35 cm chacun) retracent chaque étape d’un panorama peint de 40 toiles de 5 mètres x 3 chacune.
(Développement depuis le Big Bang jusqu’à nous et se projetant dans le futur.)

Je souhaite bonne recherche et découverte au  visiteur pour cet ensemble gravé.

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R.Dumoux
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Autres articles prévus: Textes, Dossier Atlas. Dessins. Assemblages. Constructions et monochromes. Objets.

 

Travail de l’hiver 2008-2009, gravures et panneaux

Cette longue période hivernale sera consacrée à la gravure et à la réalisation de panneaux peints a tempéra.

1- GRAVURE

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  • L’ensemble des planches est réalisé avec le procédé de la pointe sèche, à l’aide de diverses pointes, acier ou diamant. Dans tous les cas il est nécessaire d’inciser fortement et de façon rageuse le cuivre ou bien de le caresser.

Le procédé de la pointe sèche sur cuivre exprime l’esprit du graveur, son écriture personnelle inimitable.
Une épreuve qui révèle l’artiste véritable.

  • Divers formats ont été produits : les plus grandes dimensions sont de 25 x 35 cm et le plus petites de 5 cm x 5,5 cm. Certaines intermédiaires mesurent 10 x 15 cm ou  12 x 16cm. Quelques unes de ces gravures sont réalisées sur des cuivres planés et polis spécialement pour la taille-douce.
  • Pour ce qui est du contenu de l’œuvre, il s’agit souvent de représentations figuratives.

Les grandes de 35 cm x 25 sont une interprétation de toiles du Pictorama : elles reprennent en tout point les éléments figurés des grandes toiles.
Ainsi dans la gravure sur la Pollution on retrouve un aspect de Tchernobyl, une décharge avec une carcasse d’avion ou l’évocation d’une catastrophe comme celle de l’Erika. On remarque également la figuration des animaux qui constituent un vivier renaissant de vie autour de cette zone polluée.

D’autres gravures reprennent les compositions de toile de 2 m 40 x 1 m 50 telles que « l’aube » ou « les cosmogonies célestes » ou encore « la mélancolie »

Enfin pour ce qui est des gravures de petites dimensions, il s’agit de représentations d’animaux, d’oiseaux, de figures anthropomorphes ou zoomorphes. Ou bien aussi de portraits de héros de la mythologie, par exemple de Zeus ou encore d’un Dieu Feuillu.

Toutes ces gravures sont très importantes en nombre et les épreuves obtenues à l’aide la presse à taille douce sont très variées.
Parfois elles sont tirées séparément et prennent l’allure de quelque pièce précieuse. D’autre fois elles sont assemblées sur la même planche : tels sont les assemblages de 4 planches d’oiseaux ou bien tel dieu sera accompagné  de figures cosmologiques, toujours en petite dimension.



2- LES PANNEAUX A TEMPERA

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Autre aspect du travail de l’hiver qui va se dérouler sur 3 mois environ : les tempéra sur panneau ou peinture à l’oeuf sur panneaux préparés.

  • Précédemment des panneaux de contreplaqué ou de bois ont été encollés, marouflés de toile et recouvert de couches d’enduit à la colle de peau…

selon le procédé des couches successives et transparentes…….. qui assurent son aspect si particulier à cette technique picturale qui ne permet pas d’à peu près .
Il faut pour cela visiter Mantegna ( actuellement au Louvre).

  • Auparavant, des compositions figuratives ont été dessinées, élaborées et reportées sur le panneau préparé, au fusain puis repris à la pointe dure ou à la pointe d’argent, parfois avec des lignes fortement gravées et incisées dans l’enduit.

Ensuite une ébauche colorée a été posée  à l’aide d’un jus  dilué au blanc d’œuf, de façon à mettre en place quelques dominantes colorées et  valeurs.

– Cette année les séries envisagées se rapportent à :

les âges de l’humanité, l’âge d’or, l’âge d’argent, et l’âge de fer.
(Dans un prochain article un commentaire plus précis sera mis en ligne, à propos des âges, relativement aussi à des textes sur la mythologie …)

les mois et saisons.

Maintenant le véritable travail d’exécution proprement dite est entamé:
Saturation des couleurs, renforcement des contrastes, des lumières, ajouts de détails expressifs et enfin raies de lumière blanche ou dorée sur les reliefs des objets et figures.

R.Dumoux
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Petites et grandes dimensions

Image à la Une : Mise en place du dessin d’une toile monumentale de 5 mètres x 3 : « Vercingetorix ». Raymond Dumoux. © viapictura.com

L’ensemble de mon travail plastique figurant sur le site viapictura.com, présente de multiples dessins, de petites dimensions le plus souvent;

de même en gravure c’est la recherche du petit format qui prévaut, la recherche d’un espace concentré. Certaines gravures ne font que quelques cm2. (La gravure se comprend et l’écriture se lit dans quelques cm. La gravure peut se dispenser des grandes étendues embarrassantes. Elle a un caractère privé, intime ; c’est le geste primitif de l’entaille, celui de la trace sur le mur du prisonnier). Également de petites dimensions sont de nombreux panneaux a tempéra. Une démarche dans le sens de la miniature se fait jour… tels qu’ils figurent sur le site Viapictura .

Par contre et à l’opposé, les toiles dont il est question précédemment sont monumentales.
Les très grandes dimensions ont un aspect environnemental, public et événementiel. A l’instar des grandes tentures, tableaux, teleri ou tapisseries, elles offrent des panoramas où défilent des personnages nombreux, des costumes, des actions, dans des paysages recomposés.

Historiquement , « l’apothéose d’Homère » (Louvre) d’Ingres est un exemple caractéristique. Ce tableau de 5 mètres met en scène un grand nombre de figures (46) sous le regard d’Homère sur son trône. Un grand nombre de personnages (de l’antique au 17 ème siècle) auxquels, par l’espace, on se sent lié, comme partie intégrante. On se prend à relire ces anciens tableaux… à compter un à un les personnages, à observer leurs époques, leurs gestes ou mouvements ainsi que les liaisons des figures entre elles ;
Des lectures sont ainsi à faire des œuvres monumentales, de Carpaccio à Venise au triomphe des Césars de Mantegna… jusqu’aux dessins et adaptations cinématographiques de Méliès.

R. Dumoux

www.viapictura.com