La Biodiversité – Tableau de 5 mètres x 3

 
©Dumoux - Singe
Stylo bille sur papier marouflé à la colle de peau sur tablette – R. Dumoux ©viapitura.com

La diversité de la nature et du vivant, représentée au moment d’une apothéose rêvée des Espèces, est l’objet d’une nouvelle toile de 300 x 500 cm en préparation. Cette grande toile sera réalisée selon les mêmes procédés que les 65 toiles de 5 mètres x 3 constituant mon ensemble monumental peint Pictorama. (visible sur le site www.viapictura.com)

Cette grande toile « Biodiversité » sera donc réalisée a tempéra. Pour cela, je dois avant tout, préparer la toile à la colle de peau chaude et au blanc de Troie, en appliquant sur cette grande surface de 15m2, plusieurs couches fines qu’il faut poncer une fois sèches. C’est un travail de préparation du support, considérable et long, qu’il est bien difficile de rencontrer de nos jours.
Ce travail sur mes supports est systématique : toiles libres, panneaux de bois marouflé, ou encore carton marouflé de toile ou papier.

J’insiste sur ces préparations car elles sont essentielles pour le procédé de la tempéra. Elles assurent la plus grande liberté de travail pictural jusqu’au résultat final qui se caractérise par une lumière intérieure magique et divinement spirituelle bien loin du matériel prosaïque des supports ordinaires des objets du quotidien. Cette préparation assure également une grande conservation des œuvres dans le temps.
Telle est cette préparation que l’on ose à peine évoquer dans la brutalité des autres supports actuels.

« Biodiversité » – Maquette pour une toile de 5 mètres x 3 – R. Dumoux ©viapictura.com

Il est maintenant question de la composition de cette apothéose rêvée des Espèces :

Ce grand tableau se construit selon une grille horizontale et verticale.
Ce sont les arbres qui créent les bandes verticales. Avec les 3 arbres, le chêne, le baobab et les palmiers dattiers qui sont entourés d’arbustes ou de plantes annexes selon les pays et les climats.
Les bandes horizontales déterminent les étagements du paysage, depuis l’horizon du ciel en haut jusqu’au bord de l’eau tout en bas, étagements où se situent divers animaux, oiseaux et une succession de plantes et arbustes, fleurs et petits animaux.

En ces jours je réalise des séries de dessins à la sanguine : des planches A4 , constituants une collection de plantes, arbres ou fleurs, puis d’autre dossiers d’insectes, puis de divers animaux ou oiseaux. Ces longues collections de dessins peuvent permettre, dans cette grande composition de 5 mètres, une installation très diversifiée des richesses animales végétales de la nature, qui nous entourent. Il y aurait au moins 200 pages A4 de dessins.

 
Pissenlit – Mine de plomb et crayon de couleur sur papier – R. Dumoux ©viapictura.com

 

Cassis – Mine de plomb et crayon de couleur sur papier – R. Dumoux ©viapictura.com

 

Pensée sauvage -Mine de plomb et crayon de couleur sur papier – R. Dumoux ©viapictura.com

 

Fenouil – Mine de plomb et crayon de couleur sur papier – R. Dumoux ©viapictura.com

 

Cette grande composition rend compte de la vie terrestre au milieu de laquelle se trouve aussi l’humain, qui est omniprésent, menaçant mais aussi menacé par les forces de la nature.

La vie de l’homme est mise en évidence, à partir de sa naissance dépendante de la nature : telle est l’image mythologique de la naissance d’Adonis, divinité antique qui est née d’un tronc d’arbre. Ce tronc d’arbre représente la figure de Myrrha dans la mythologie grecque, métamorphosée en arbre dont le tronc-corps s’ouvre d’une large blessure-orifice pour accoucher d’Adonis ; Myrrha est dépeinte dans les métamorphoses d’Ovide.
Cet épisode illustre la vie de l’homme comme étant liée à l’animalité et à la vie des grands arbres.

 

Myrrha – « Biodiversité » (détail) – Maquette pour une toile de 5 mètres x 3 – R. Dumoux ©viapictura.com

On observe également parfois la proximité du comportement de l’animal avec celui de l’homme et l’on peut montrer aisément ces rapprochements et similitudes. On note souvent la ressemblance ou les expressions communes d’un chien avec le visage de son maître ou bien la mimique et le bruit vocal d’un chat imitant la voix de sa maîtresse lorsque elle lui donne son assiette. Le chat semble parler en imitant son maître ou encore le singe qui parait comme notre proche parent qui peint et écrit…
De nombreux exemples d’animaux qui calquent leur comportement sur l’homme sont cités, en particulier les gestes, mouvements, chants ou cris, qui sont autant de parentés et de similitudes entre l’animal et l’homme.
Les Bonobos ont des gestes et mouvements de danseurs proches de l’homme et présentent 98,7 % de notre ADN humain. La perruche est très bavarde et les oiseaux sont champions du langage. Le perroquet est un exemple modèle pour parler ou imiter l’aboiement d’un chien. L’éléphant entend les infrasons et il communique jusqu’à 10 km sous terre par le sous sol.
Les dauphins nous donnent des sons très variés. En Amérique du sud ils échangent des mots avec des pêcheurs et collaborent avec eux pour rassembler les poissons et les conduire aux filets des pécheurs, bel exemple de collaboration entre l’homme et l’animal.
En biologie et en chirurgie, le porc laisse entrevoir la possibilité de greffes de parties de ses organes sur le corps humain.
Le foi du porc par exemple, est compatible avec l’organisme de l’homme, ce qui nous induit à un véritable respect de l’animal comme de l’organisme humain.

Ce respect dû à l’animal et à la nature se justifie ainsi du fait des rapports communs et de proximité de l’animal avec l’homme.

Ainsi dans cette grande toile, peuvent être mises en valeur toutes ces observations pour étudier et soigner l’animal et pour assurer la protection des espèces, au même titre que le soin que nous apportons à L’homme, avec les soins, médicaments ou interventions chirurgicales. Selon les grands débats actuels.

NOTA BENE : L’animal intervient de nombreuses fois dans l’histoire de l’homme et de la nature, en particulier dans diverses réflexions scientifiques et œuvres d’art des grands musées (musée d’Orsay par ex.) mais aussi dans les recherches scientifiques.

Citons du XIXème siècle, Gabriel von Max qui vit avec ses singes et les peint, les considère d’une grande intelligence, comme des êtres purs ; contrairement à certains hommes qu’il nomme des singes culturels dégénérés !

Singe devant un squelette, 1900 – Gabriel von Max

Dès le XIXème siècle DARWIN lie la culture à l’art. On découvre ainsi de grandes beautés dans tout le système de la vie avec la nature et l’animal, comme on le voit dans ma toile.
L’homme est là avec ses histoires, mais en compagnie de très divers animaux. L’homme occupe bien toujours sa place mais à égalité ou en concurrence, en équilibre avec l’animal dans la Nature dans son entier.

En 1817, Jean Baptiste De LAMARCK, naturaliste français, disait :
« On dirait que l’homme est destiné à s’exterminer lui même, après avoir rendu la planète inhabitable. »

R. Dumoux
www.viapictura.com

Dumoux - Poissons Dessin
Poissons – Sanguine sur papier – R. Dumoux ©viapictura.com

La peinture d’Histoire

Image à la Une : « L’Asie – Angkor » Tempera sur toile. 5 mètres x 3 – Raymond Dumoux. © viapictura.com

La Vitalité graphique, le Dessin en mouvement, déterminent une activité très constructrice.

Cette activité conduit dans le cours de l’évolution humaine à un grand nombre de découvertes et de réalisations symbolisant le dynamisme de la vie et de l’Histoire …
Peu à peu j’ai été conduit à considérer et dépeindre l’activité des hommes dans leur histoire et leur vie pratique et quotidienne. C’est ainsi que s’est définit progressivement pour moi la Peinture d’Histoire.

Ainsi il s’agit de la représentation des hommes dans leur histoire, dans leur vie courante, intellectuelle et spirituelle. De ce fait la peinture d’histoire semble être une donnée  majeure de la construction du Temps et de l’Art. 
De préférence on choisira la description des évènements les plus prestigieux et marquants d’une époque.

A la base, il y a un processus culturel montrant les hommes dans leur vie et leur activité.
C’est une activité descriptive et aussi dépeinte, gravée ou dessinée. Cela définit bien où se situe la Peinture d’Histoire.

J’ai développé cette approche par le biais de lectures et de recherches écrites d’une part (un grand nombre de  notes écrites) et d’autre part à l’aide d’une grande activité graphique meublée de milliers de dessins : études historiques, philosophiques avec les figures populaires ou historiques s’y rattachant, illustres dans les moments importants de notre histoire.
De là découle une richesse du récit que le peintre discerne et met en valeur dans l’ensemble de ses compositions comme dans  l’approche des détails rares mais précis historiquement. (Par exemple l’image du détail de ce tableau montrant l’assassinat du capitaine Cook devant son  bateau  prisonnier des indigènes au cours d’une expéditions lointaines dans les îles)
Tout ce discernement de faits et détails se fait par une étude personnelle mais aussi à partir d’enseignements spécialisés reçus. Cela grâce à un travail assidu.
Tel parait être pour moi tout le travail fourni (à la fois technique et intellectuel) dans l’étude des miniatures médiévales, par exemple dans les évangéliaires et auprès de maîtres tels les frères de Limbourg, Jean Pol ou Herman ou Jean Fouquet ou Jean Bourdichon ou le maître de Dunois ou Jean Haincelin, etc. Jusqu’à la réalisation de panneaux, toiles ou triptyques. Œuvres pour la plupart inspirées des dessins et gravures dont il faudrait mieux définir l’importance exacte dans un autre article, spécifique au dessin et à la gravure en aussi grand nombre.

Exemple n°1 de recherche pour la composition d’une toile de 5 mètres : le Tibet

ob_c149d8_dumoux-tibet
Le Tibet

Exemple n°2 : Ci dessous il s’agit d’une toile horizontale de 2 mètres x 3,20 m sur le thème de la table et du repas. Ce thème se retrouve dans mes collections avec des compositions évoquant le repas à Emmaüs ou les noces de Canna mais aussi des compositions sur les repas des dieux, les noces, les bacchanales et autres spectacles païens.
 (Précédemment, d’autres séries ont été constituées sur le thème du lit ou encore du bateau, de la barque)

Dumoux_IMG_0042

 

Exemple n°3 : Une Découverte de la PREHISTOIRE en AMAZONIE
Il s’agit  là de 20 000 ans d’histoire avec 75 000 peintures rupestres.
Par Stéphen Rostain Archéologue et directeur de recherche au CNRS

640_000_15u4fb
Ernesto Montenegro – dir de l’Institut colombien d’anthropologie et d’histoire; l’ambassadeur Gautier Mignot, Andres Delpuech, Directeur du Museum of Man, l’anthropologue Céline Valadeau et le chercheur Stephen Rostain sur la colline de Cerro Azul © AFP / Guillermo Legaria

R. Dumoux
www.viapictura.com

Exemples de rêves antiques ou Bibliques

Image à la une : Le songe de Jacob – Marc Chagall

Rêves historiques. Exemples de rêves antiques ou bibliques…

Le SONGE de NABUCHODONOSOR
Il eut des songes et il voulait que quelqu’un interprète ses songes et ce fut Daniel qui répondit et donna des explications au peuple au sujet de ces rêves.

Il dit : « Ô roi tu as eu une vision : une immense statue se dressait devant toi, très brillante. Sa tête était d’Or fin. Sa poitrine et ses bras d’argent. Son ventre et ses cuisses de bronze. Ses jambes de fer. Ses pieds de fer et d’argile.
Soudain une pierre se détacha et brisa les pieds d’argile de la statue. Alors tous à la fois se brisèrent, fer, argile, bronze, argent, or et le vent les emporta sans laisser de trace. La pierre qui avait frappé devint une immense montagne sur la terre. »

LE SONGE de JACOB. Il prit une pierre et la mit sous sa tête pour dormir, au pied d’un arbre. Et il eut un songe : une échelle était dressée de la terre au ciel et des anges y montaient et descendaient.
Dieu lui parla et lui dit que cette terre lui appartenait et que sa descendance serait nombreuse comme la poussière du sol.
Jacob prit la pierre qui était sous sa tête, en fit comme une stèle et ainsi appela le lieu Béthel.

– Le RÊVE de JOACHIM
Joachim faisait paître ses troupeaux dans la montagne et un jeune homme lui dit de retourner chez sa femme.
Car depuis 20 ans il avait été rejeté et il n’avait pas eu d’enfant d’elle et maintenant il désirait seulement rester avec ses brebis.

Le jeune homme lui dit qu’il était un ange de Dieu. Il était apparu à sa femme et elle avait conçu une fille de lui. Il demanda donc à Joachim de retourner près de sa femme qui est enceinte.
L’ange apparut dans le sommeil de Joachim et lui dit : « Descends de ta montagne et retourne vers Anne. Il vous a été donné une prospérité telle que ni prophètes ni saints n’ont jamais eu. » Joachim se réveilla et raconta son rêve.


– Au Moyen Age : le RÊVE DE LA CROIX. C’est l’exaltation de la Croix en référence à Piero della Francesca.

Le texte dit :
« il me semble voir un arbre merveilleux, tout couvert d’or; des pierres précieuses resplendissaient sur le sol et tous les anges contemplaient la Croix.
Moi, souillé de mes péchés et iniquités, je vis cet arbre de la gloire couvert d’or et de pierres précieuses.
Mais à travers l’or, je pouvais discerner l’antique lutte des méchants qui le faisait saigner du côté droit.
Je fus accablé de douleur. Cet arbre changeait de couleur, ruisselait de sang et paré de trésors.
Moi je gisais là, contemplant l’arbre du Seigneur jusqu’à l’entendre me parler. »

– Saint François d’Assise : « le RÊVE DU LARRON CONVERTI »
François convertit 3 larrons homicides et l’un d’eux a une très noble vision.
Après leurs méfaits ils étaient venus à Saint François pour lui demander pénitence et obtenir la Miséricorde de Dieu.
François les reçut. L’un d’eux survécut. Une nuit il ne put résister au sommeil et fit un long rêve : à la fin, il vit Saint François vêtu d’un merveilleux manteau orné d’étoiles et ses 5 stigmates paraissaient comme de très belles étoiles  et leurs rayons illuminaient tout le palais.

– Dante. LE RÊVE DE L’AIGLE
Dante  écrit : il me semble que je voyais au ciel un aigle suspendu avec des pennes d’or, planant, tout près à descendre. Je croyais être sur le mont où Ganymède quitte ses parents, lorsqu’il fut ravi pour le banquet des dieux.
Il me sembla que cet aigle descendait terrible et qu’il me ravissait le feu céleste.
Comme si nous brûlions tous les deux.
Si brûlant était l’incendie en mon rêve que mon sommeil cessa.


La Renaissance.

CARPACCIO : le Rêve de Sainte Ursule.

Léonard de Vinci : le rêve de PLAISIR ET CHAGRIN
Ce rêve se rapporte à l’arrangement de 2 personnages entre eux.
– L’un est un jeune homme au beau visage, agréable, fin, à la chevelure longue et bouclée.
– L’autre est vieux triste et mélancolique.
Jamais l’un n’est séparé de l’autre et ils sont représentés dos à dos.On les peint réunis comme un seul corps par l’arrière. pour montrer qu’ils ont la même origine, la même origine du plaisir et du chagrin.

– Dans la main droite du plaisir, il y a un roseau sans fruit comme le plaisir et il y a des flèches pour montrer les piqûres dont il afflige les cœurs.

– Dans la main gauche le plaisir tient des écus et il en laisse tomber.
Dans la main gauche, le chagrin tient un rameau épineux, les roses se sont desséchées.

– La jambe droite de ce corps repose sur un tas de foin et la gauche sur une table d’or pour bien montrer leur différence.
L’affection du chagrin pour l’or brille de souffrance comme les flèches.
Le pied de cette figure c’est l’amour du plaisir mondain qui est bas, débile et mou.

Telle est la description par Léonard de cette figure composée de Plaisir et Chagrin. (cette poésie visuelle m’a inspiré une toile de 2m50 x 1m50 en 2007)


17éme et 18éme siècle.

19 et 20éme siècle.

Plusieurs exemples de rêves pourront être décrits ultérieurement.

Je citerai seulement comme références:
– le Rêve de Descartes
– le Rêve d’Eve de John Milton
– le Rêve de Tatiana de Pouchkine.
– le rêve de Joseph K. Le Procès de Kafka.

R.Dumoux
www.viapictura.com

Le Rêve (art. 4), conceptions de la Renaissance à nos jours

Image à la une : Raphaël: il sogno del cavaliere

Pendant la Renaissance, le recours médiéval à l’allégorie et au symbole se poursuit.
On peut se rapporter à des éléments très caractéristiques de la peinture du 16éme.
La culture figurative accordait une grande importance à la signification des images  et on évoluait dans un réseau d’allusions et de symboles.

Un exemple : le Rêve du cavalier par Raphaël.

Ce tableau illustre est merveilleux, il fut peint pour un noble : Scipion, néoplatonicien à Florence.
Le 1er plan est occupé par un jeune héros endormi sous un laurier, plante qui possédait la propriété de faire se réaliser les rêves.
Deus figures féminines semblent concrétiser le rêve.  Elles évoquent des allégories : l’une est Virtus et l’autre Voluptas. Allégories de la vie contemplative (livre, fleur et de la vie active ( épée) d’autre part.
Ce tableau montre l’accord harmonieux qui doit exister entre la virtus et la voluptas.
Dans l’espace du sommeil du cavalier, l’âme s’ouvre à une plus haute conscience d’elle même et le rêve se modèle et recherche les aspects d’une vie exemplaire.
C’est tout un déplacement intérieur mettant en œuvre toutes les facultés de la Psyché.


Du 17ème  au 18ème siècle l’évolution de l’approche du rêve se poursuit.

De la Renaissance à la Révolution romantique, l’imagination acquiert un pouvoir progressif  comme trame du rêve.
Les ingrédients du rêve, mémoire perception sensorielle, instinct, se combinent à la vie diurne.
Pour Descartes, le rêve est un véhicule de connaissances qui met en scène les éléments d’un conflit intérieur et les interprète.


19 et 20ème siècle.

L’axe du rêve va se déplacer vers l’intériorité et le rêve sera valorisé sous des aspects très variés.

De Goya, « le sommeil de la raison engendre des monstres » : c’est le point de départ décisif pour le 20ème siècle. Le rêve et le sommeil de la raison engendre chimères et prodiges.
Pendant le sommeil, le moi continue son existence, il est présent partout dans la recherche de l’identité.
Le champ de l’intimité est élargi. C’est la conquête de l’intimité : on va rechercher un lien avec son enfance, avec la nature, avec ses origines. Cette conquête de l’intimité peut parcourir la passé individuel.

En occident, le chemin du rêve, c’est l’histoire d’une aptitude progressive à l’introspection, pour mettre en lumière ce qui habituellement est caché.

Au 20ème au sujet du rêve, après la psychanalyse, Kafka parle d’un Double-Moi :
il y a celui qui rêve et celui qui analyse son propre rêve.
On soutient aussi que le moi est acteur et spectateur du rêve, auteur et spectateur.

Suite à cette évocation de l’évolution de la conception du rêve de la Renaissance à nos jours, un dernier article sera consacré à divers exemples historiques de rêves illustres et souvent cités.
Exemples déterminants dans mon travail graphique et de recherche  de compositions, symboliques, parlantes, compréhensibles et sensibles.

R.Dumoux
www.viapictura.com

Le Rêve (art. 3), conception au Moyen Age

Image à la une : Le rêve de Nicodème (© Bibliothèque municipale de Mâcon, ms. 3, f. 222)

 

Deux grandes traditions construisent la pensée de l’Occident : la judaïque et la gréco-romaine.
Après l’antiquité, au cours du 1er millénaire, les théories du rêve se construisent à partir des traditions judaïques et gréco-romaines.
Les Saints, les Martyrs, les moines correspondent aux héros rêveurs de l’antiquité.
Mais l’Europe va trouver des accents autonomes et originaux. Une vision différente du monde s’impose dans tous les secteurs de l’activité humaine y compris dans les interprétations oniriques.

– De nombreuses causes sont attribuées aux rêves :
– le vécu de l’homme : ses émotions préoccupations, souvenirs et désirs, ses sensations corporelles.
– On accorde beaucoup d’importance à la médecine.
– Également il y a l’intervention de Dieu (annonces, conseils, prédictions, visions.)
Et aussi la présence du Diable (tentations, tromperies, fantaisies)

– Les rêves sont véridiques, mais il faut identifier leur source divine ou diabolique.
Ces enquêtes sur les rêves sont en rapport avec la philosophie et la théologie des pères de l’église de St Augustin à St Thomas. Grâce à cela, le fidèle est conseillé.
Dès le 4ème siècle avec Constantin avec la nouvelle foi officielle (qui a supprimé la divination), émerge un caractère typique du rêve lié à la liberté individuelle.
C’est l’entrée officielle du quotidien dans le monde du Rêve.
Les médiateurs pour ces rêves sont les saints et les martyrs. Les rêves de conversion ont une grande importance.

Exemple de rêve dans la Légende Dorée. (célèbre manuscrit de Jacques de Voragine 13ème siècle à Génova, dont un volume merveilleusement enluminé constitue le Trésor de Mâcon (France) :

Le navire fut renversé et tous les sarrasins engloutis. Un des infidèles cependant  a survécu et demande sa protection à St Marc.
Soudain un beau jeune homme le tire des ondes. Mais arrivé à Alexandrie, ce sarrasin infidèle se montre ingrat envers St Marc.
Aussi St Marc lui apparaît en rêve et lui reproche son ingratitude. Ensuite le Sarrasin se rend à Venise et il y reçoit le baptême. Il eut la Foi et ainsi acheva sa vie dans les bonnes œuvres.

Mais dans les Rêves Satan réclame sa part. Les parties obscures de soi dans les rêves sont attribuées au Malin. Les cauchemars sont considérés comme des manifestations démoniaques.

Le fantastique et le Symbolique sont aussi un élément de l’imaginaire collectif dans les rêves.

Dans l’architecture des Rêves, il y a au moyen âge un aspect visionnaire et symbolique qui atteint ses sommets dans la Divine Comédie.
Dans les Fiorettis de St François d’Assise, il y a des leçons de morale mais aussi le sens du merveilleux comme des suggestions pour les représentations théâtrales des fêtes religieuses.

La Renaissance jusqu’au 19ème siècle verra une modification une évolution de la conception du rêve vers une vision plus personnalisée et plus tournée vers la psychologie du rêveur.

R. Dumoux
www.viapictura.com

Le Rêve (art. 2), depuis les temps bibliques jusqu’au Moyen Age.

Image à la une : Simone Martini, Le rêve de saint Martin (1322-1326)

Diverses Conceptions du Rêve au cours de l’histoire.


Le Rêve depuis les temps bibliques jusqu’au Moyen Age.

Le monde Biblique.
En ces temps là, les rêves ne sont pas pris en considération. On s’écarte de tout ce qui semble relever de la sorcellerie, de la superstition. (dans le Moyen orient de l’antiquité on s’adonnait beaucoup aux arts divinatoires à la nécromancie, à la magie.)
On reconnaît que les rêves ont une importance car ils parlent des espoirs et des craintes de l’homme. Mais dans la Bible on ne leur accorde pas de valeur et on ne les raconte pas.

– Cependant dans les Écritures il y a un type de rêve doté de signification et de profondeur : c’est le Message Divin.
Un Rêve est envoyé par le Très-Haut et il faut s’en préoccuper.

Que sont ces Rêves ?
Ils sont la communication d’en haut, une théophanie .
Ce rêve est la parole de Dieu ou d’un ange (jamais d’un mort) adressé à quelqu’un qui est en crise.
Ce rêve n’entend pas expliquer l’avenir : il établit une liaison entre le ciel et la terre et demande au rêveur une participation responsable.
Le rêve biblique répète avec force un pacte ou un engagement.
Ces rêves qui sont des projets demandent à être déchiffrés ; ce ne sont pas de simples messages.
Et les interprètes de ces messages ne sont pas devins mais des sages, qui dénouent et structurent les divers éléments du rêve.

Telle est la fonction constructive du Rêve biblique, message divin.



Conception du Rêve dans le monde antique.

On distingue les rêves vrais (utiles) et les rêves mensongers.
Leur utilité réside dans le fait qu’ils prédisent l’avenir et qu’ils sont conformes à la volonté des dieux.
Dans  la pensée antique, on veut trouver une explication scientifique à tous les secteurs de l’activité humaine. Donc le discours sur les rêves prend une ampleur nouvelle et on créé des théories.

– Pour Platon, l’âme pendant le sommeil perçoit les esprits supérieurs et entre en contact avec eux. C’est le courant mystique.

– Chez Aristote au contraire le rêve exprime un état physique de la personne, physiologique de bien-être ou de malaise et il n’y pas de rapports avec les puissances célestes ni avec la transcendance.
En général selon  la conception antique, il y a croyance dans la valeur prémonitoire des rêves. Quelque chose de tangible peut émaner du rêve et introduire à la réalité.

Exemples de rêves antiques :
– les bandelettes sacrées, la femme éternelle, la Vesta. La Vesta est la déesse domestique du foyer ; elle entretient la flamme de son temple avec ses servantes qui sont les Vestales.

Les Bandelettes sacrées comme le frein d’Or sont confiées en rêve au héros Bellérophon afin qu’il puisse dompter le cheval ailé. (Composition dessinée : Pégase et Bellérophon près de la source sacrée)

– dans l‘Odyssée, Hermès guide les morts, accompagne aux Enfers les âmes des Prétendants : ils arrivent au pays des Rêves et découvrent les ombres, fantômes des défunts.
On retrouve ces mêmes tendances pendant toute l’ère classique, avec Virgile, Ovide, Lucien.

On admet que la connaissance rationnelle est une partie seulement de l’expérience humaine et que les rêves sont une porte ouverte sur l’inconnu et l’inexplicable.
La religion, le culte personnel et le besoin d’être guéri des maladies : tout cela donne une impulsion aux cultes des dieux guérisseurs. On élève des temples.
Le rêve semble la voie royale pour que chacun entre en rapport avec la divinité .
Le patient sera réceptif à l’action du dieu et attend le sommeil thérapeutique  dans des chambres d’incubation.
Le Dieu va rendre visite au malade et le guérir pendant son sommeil en lui donnant des prescriptions.

Ce sont des techniques de recueillement, de prière dans des édifices sacrés.
Cela va créer un lien entre rêve et santé.



– Ce lien entre rêve et santé va continuer au Moyen Age.

En témoignent des épisodes de la légende Dorée où sont décrits les actions miraculeuses des saints, par Jacques de Voragine au 13ème siècle.
Ces écrits merveilleux ont donné lieu à un manuscrit illustre contenant d’exceptionnelles enluminures dont une partie est à New-York et l’autre consultable à la Bibliothèque municipale de Mâcon. (France)
Il y aura  également les écrits de la mystique allemande Hildegarde de Bingen.

Dès l’antiquité, l’accès au rêve se développe, s’élargit. On va faire des répertoires de ces rêves.
Au 2ème siècle le grec Artemidore de Daldi répertorie 3000 rêves. Les réponses aux rêves pour leur signification changent en fonction de la situation individuelle du rêveur. Il y a une influence de l’âge, du métier  etc.

Le prochain article sera consacré avec plus de précision aux conceptions du rêve au Moyen Age.

R.Dumoux
www.viapictura.com

Le Rêve (art. 1)

Image à la une : Le Rêve par Pierre Puvis de Chavannes.

 

Sous ce titre sera  publiée une suite d’articles présentant des exemples de Rêves puisés dans l’histoire des mythes, des religions et de l’histoire.
(Cela est pour moi une source de poésie et d’inspiration fréquente dans mes dessins gravures ou toiles.)

Ce premier article fait une présentation générale de la question du rêve.


Le Rêve : de la Bible au 20éme siècle.

L’intérêt pour le rêve est de toutes les époques.

En général nous avons besoin de donner une signification au rêve et de le mettre en rapport avec notre vie diurne.
Le rêve est conçu comme un langage, une histoire depuis les temps anciens, depuis les tracés sur des tablettes en cunéiformes de 1500 ans avant J.C.
Il semble appartenir à tout être vivant, il est universel.
C’est un voyage vers l’inconnu, vers l’invisible et le mystère, le passage d’un état à un autre.
Le rêve contient en lui une puissance de transformation, de métamorphose qui nous change, nous éclaire grâce à une sorte d’introspection.

De tout temps on s’est beaucoup interrogé sur les rêves, sur leur véracité, leur utilité et on les a racontés, décrits et  recréés dans des œuvres artistiques littéraires ou figurées en peinture.

Le rêve est une aventure individuelle mais il est aussi l’aventure d’une identité historique.

Ce sont des échanges entre les fantasmes individuels et et les conventions sociales.
Le contenu du rêve utilise l’ensemble des symboles dont l’individu dispose.

(Dans la chanson de Rolland, l’empereur Charles rêve qu’il est assailli par des animaux. Or ces animaux sont ceux de l’iconographie héraldique de la chevalerie.)
Si individuel soit-il, le rêve fait appel dans sa représentation à un répertoire d’images et de structures communes à une société.

Lorsque l’on décrit un rêve, le langage conserve les éléments incohérents authentiques.
Le rêve est un pont entre présent et futur, conscient et inconscient, réalité et illusion, passé et présent.


Le domaine du rêve permet une promenade imaginaire  selon le cours de l’histoire.
Ainsi nous pouvons parcourir différentes époques ou moments essentiels de l’histoire de l’humanité.

– le Monde biblique.
– le Monde classique et antique.
– le Moyen Age.
– la Renaissance .
– 17 et 18éme siècle.
– 19 et 20éme siècle.

R.Dumoux
www.viapictura.com

Rêve et Imaginaire (Max Ernst)

Image à la une : Untitled, pg. 17 (double page), in the book Maximiliana ou l’exercice illégal de l’astronomie: L’Art de voir de Guillaume Temple by Max Ernst (Paris: Iliazd, 1964).
– A partir des techniques de frottage et de décalcomanies, Ernst a créé un univers de forêts pétrifiées, de nébuleuses et de visions du cosmos.
Il avait découvert le frottage en 1925, en frottant à l’aide de la mine de plomb sur de feuilles minces appliquées sur un plancher usé.
Ce processus déclenche des facultés visionnaires… des images qui se superposent  les unes aux autres avec la persistance de souvenirs émotionnels.
Les formes sont imbriquées et combinées comme les éléments d’un rêve.- Pour ce qui est des nébuleuses et des visions du cosmos, Ernst s’intéresse à l’astronomie mais il se rend compte que s’il y a des télescopes très puissants permettant des expéditions spatiales, il y a aussi un art de voir que les télescopes ne peuvent remplacer.
C’est en particulier la pensée d’un astronome appelé Tempel qui vers 1880 dit que l’art de voir est entrain de se perdre avec l’invention d’instruments de plus en plus sophistiqués.
( » les plus belles et réalistes vues de l’espace n’effacent pas en nous le ciel des divinités tutélaires, des monstres menaçants  et de toutes les figures hybrides que nous allons continuer de conquérir. »)

On peut se référer en cela à la toile Espace 4 du Pictorama qui amalgame formes mécaniques et figurations mythiques.

En 1964, Ernst et l’éditeur ILIAZD créent un livre. Ernst est attiré par les réflexions de Tempel sur l’art de voir et, à partir de son intérêt passionné pour l’astronomie, il réalise une série de gravures étonnantes pour le livre « Maximiliana ou l’exercice illégal de l’astronomie ». C’est un chef d’œuvre.

Les gravures en couleur d’Ernst se combinent avec des typographies. Le propos est de restituer les groupes d’étoiles de la voûte céleste. Ernst s’inspire aussi de lithos de Tempel et il utilise les procédés de pochoirs, de laques et de pulvérisations.

Les écritures secrètes courent tout au long de l’ouvrage : ce sont comme des formes automatiques évoquant les hiéroglyphes, l’écriture imagée d’Amérique ou les pictogrammes chinois.
Ce sont comme des écritures indéchiffrables et automatiques qui permettent cependant d’accéder à l’insaisissable vérité du monde.

Les formes secrètes de Max Ernst évoquent les fractales, figures géométriques découvertes en 1975 par Mandelbrodt.
Ce sont des figures de formes irrégulières souvent fragmentées, décomposant et recomposant des formes naturelles : nuages, pépites, flocons, galaxies, qui dépassent les formes géométriques simples.

Ces visions du rêve permettent un saut vers la compréhension du langage de l’Univers.

R.Dumoux
www.viapictura.com

Rêve et imagination (Hercule Seghers)

Image à la Une : Hercule Seghers, « Mountainous Valley with Fenced Fields ». Ca. 1615-1630. Etching and drypoint in blue ink, brush in pink and pale blue on paper. 22.5 × 48.9 cm. Amsterdam, Rijksmuseum Amsterdam.

Dans un article précédent il a été question, à propos de l’imagination, de la création plastique d’artistes tels que Ernst, Sima ou Cozens.

Il semble intéressant d’aborder, toujours dans cette perspective, le travail étonnant et la méthode d’Hercule Seghers.

Seghers est né vers 1590 à Harlem. Il fut marchand de tableaux à Utrecht et à La Haye. Des tableaux de Seghers sont dans les collections de Rembrandt. Bien que considéré, il a autour de lui une légende de peintre maudit.

Son œuvre : 200 épreuves nous sont parvenues, réalisées à partir de 54 cuivres différents.
Le plus souvent, il s’agit de paysages montagneux.

Tous les sites sont imaginaires :
visions de rêves, condensation d’éléments hétéroclites comme dans un rêve.
Il s’agit de vallées encaissées, de plateaux et de montagnes escarpées, de chemins avec des troncs brisés et aussi des petits villages dans le lointain.

Tous ces éléments épars ont un point commun fourni par le dessin d’abord et par la couleur qui qui fond tous ces éléments en un seul paysage.

– L’ensemble des paysages sont gravés d‘un bout à l’autre de la plaque à l’aide d’un graphisme abstrait. Ce graphisme qui couvre tous les éléments de la surface a un aspect de neurogramme, à cause de la vitesse d’exécution. C’est à dire qu’un même signe sert à dessiner tous les éléments  et ainsi toute la composition se trouve unifiée par ce réseau graphique.

– La couleur, la matière colorée entremêle et unifie les plans.
Seghers utilise des supports colorés et des encres de couleur ; de plus ses épreuves sont encore rehaussées.

Ainsi trait et couleur condensent l’image et créent une unification générale, comparable à l’ambiance que Freud met en avant dans le travail du rêve.

Avec cette méthode, Seghers créé des épreuves de tonalités variées à partir d’une même plaque, à tel point qu’on peut croire qu’il ne s’agit pas du même paysage.
Plusieurs paysages différents naissent ainsi de la même plaque, de même que pour Cozens plusieurs oeuvres naissent à partir de la même tache.

En général, les gravures de Seghers sont un exemple frappant de l’exploration de l’imaginaire et de l’hallucination de la nature qui sera poursuivie plus tard par Max Ernst dans les Frottages d’Histoire Naturelle, trois siècles plus tard.

En effet Ernst va opérer de la même façon dans ses frottages. Il part de rainures et de noeuds pour arriver à des paysages imaginaires inédits.
Dans un prochain article il sera question précisément du travail d’Ernst.

R.Dumoux
www.viapictura.com