"Les Damnés" Détail d'une toile a Tempera - R. Dumoux

LES APOCALYPSES. LES FINS DU MONDE.

Cavaliers de l'Apocalypse" (détail) - Tempera sur toile - R. Dumoux
Cavaliers de l’Apocalypse » (détail) – Tempera sur toile – R. Dumoux

Image à la Une : « Les Damnés » Détail d’une toile a Tempera – R. Dumoux

 

De l’antiquité à nos jours.

Cet article est inspiré de notes extraites d’un ouvrage de Jean Noël Lafargue. Dans cette recherche j’ai surtout travaillé à des dessins qui sont ensuite repris et fondus dans l’ensemble de mon travail et de sa réflexion.
Il s’agit de la grande fragilité de l’humanité depuis la Mésopotamie jusqu’à nous, Fukushima, ou la fonte de la calotte glaciaire qui en est une manifestation flagrante. Cette fragilité est caractéristique de notre sublime pensée depuis toujours.

Nous portons en nous une fascination de la fin du monde et les iconographies, les fictions du passé ou bien actuelles constituent un parcours passionnant y compris au cœur des religions. Parcours que je propose très régulièrement dans mon ensemble monumental peint de 60 toiles de 5 mètres x 3. (www.viapictura.com). C’est une inquiétude quant au devenir de l’humanité.

Actuellement cette inquiétude n’est plus religieuse ou philosophique mais elle se base sur la catastrophe écologique ou nucléaire que l’on ne peut plus maitriser. On s’inquiète d’une grande vague qui peut être un tsunami, de la menace de catastrophe avec des tours de plus en plus hautes, de la disparition des abeilles dans les campagnes, de la décadence générale de la société et de la mort apparente de l’art ainsi que de la disparition de ce que nos ancêtres nous ont légué.

Etude"Art mexicain Olmèque 800 av. J.C." R. Dumoux
Etude »Art mexicain Olmèque 800 av. J.C. » R. Dumoux

Ainsi on peut observer de très diverses représentations des fins du monde au cours des siècles et des civilisations. Cet article, ainsi que je l’ai suggéré propose une recherche à effectuer, des compositions peintes ou gravées significatives de cette question.

Je ne retiendrais que ce qui me parait essentiel par rapport à l’Apocalypse.
Ces divers textes ne sont pas pour moi une étude historique en soi mais une suite d’impressions qui vont m’aider à dessiner et me suggérer des compositions, m’inspirer des gravures, des toiles et finalement une œuvre monumentale sur ce thème de l’Apocalypse, permanent pour l’humanité.

Dessins dans l'atelier - R. Dumoux
Dessins dans l’atelier – R. Dumoux

Ainsi je me suis intéressé en particulier aux civilisations ci-dessous :

– En Égypte :
il s’agit d’une angoisse religieuse, eschatologique avec au centre le souci de la Vie et de la Mort. Le nombre impressionnant d’édifices religieux laisse penser que les égyptiens étaient animés d’une foi religieuse leur permettant d’expliquer les phénomènes du monde, les animaux, les astres, ou les végétaux. Ces phénomènes leur sont révélés par la puissance d’un dieu.
 Je ne ferai que citer quelques dieux des Égyptiens pour qui la vie et la mort sont au cœur de la religiosité.
Le soleil Ré est né du chaos initial, il est le créateur des dieux majeurs : Isis, Osiris, Shou (l’air), Geb (la terre), Nout (la voûte céleste). Ré chaque jour parcourt le ciel dans sa barque céleste. Et si le soleil ne se lève plus, le monde retourne au Néant, immensité liquide obscure ; alors cette fin du monde est une lutte contre le chaos, la lutte de la lumière sur les ténèbres.

L’Hindouisme et les âges du monde.
Il exprime la fascination pour les cycles sans fin de la réincarnation des âmes. Il faut se libérer de ce cycle sans fin. Le Bouddhisme va offrir aux hommes la voie du salut et atteint la Délivrance par le Nirvana.
La voie moyenne est celle de l’éveil, la voie de la méditation, celle de l’extinction de la soif d’existence.
Pour le bouddhisme, Bouddha est le personnage historique. Pour le Bouddhisme, les hommes vont oublier peu à peu l’ordre du cosmos et les derniers jours ce sera la fin du monde la disparition de l’ordre cosmique. Puis lorsque cette disparition est faite l’ordre cosmique ou ordre du monde reviendra avec l’incarnation du futur Bouddha.
On le comprend c’est une conception cyclique car avec le nouveau Bouddha, l’enseignement bouddhique est à nouveau enseigné, respecté.

Etude "Inde, Ecole de Gandhara, Tête de Bodhisattva"
Étude « Inde, École de Gandhara, Tête de Bodhisattva » Sanguine sur papier- R. Dumoux

  La spiritualité Chinoise
La conception de l’Univers est celle du tout ordonné, où le monde est en perpétuelle transformation de l’Ordre au Chaos. C’est le Yin et le Yang.
On ressent les forces cosmiques et les retours cycliques. Le monde cesse de finir pour toujours se renouveler et il n’y a pas de promesse de fin du monde.

– Les précolombiens, les Mayas.
Cette civilisation a bien annoncé une fin du monde, plusieurs même. Pour les Mayas l’histoire se découpe en cycles où alternent des mondes.
Chaque cycle voit la fin d’un monde et le début d’un nouveau.

Les mythes ne sont pas fondés sur le surnaturel ni sur des dieux mais sur les grandes forces de la nature. Ces forces sont bien sûr représentées par des esprits, des êtres hybrides, des monstres.
Les Mayas observaient dans ces forces une impertinence et par là ils cherchaient à avoir contrôle sur le temps et l’éternité. Le temps a une place capitale dans la culture maya  Et c’est par le Temps que l’homme comprend les forces cosmiques. Pour les Mayas il y a une trilogie incontournable : les Hommes, les Forces, le Temps. La combinaison de ces données liée à l’observation des cycles naturels et des phénomènes, permet  aux Mayas de prévoir et de prédire l’avenir. En effet ils comprennent la répétition des cycles, leur succession et ainsi ils peuvent envisager la succession des Dynasties et prédire l’avenir.

Les Grecs.
Notre occident est imprégné de la pensée grecque, laquelle est très proche des civilisations antiques. On constate en effet que Hésiode dans son poème « les travaux et les jours » est inspiré par les mythes Perses ou Mèdes. Hésiode a une conception cyclique de l’histoire humaine proche des mythes hindous avec les 4 âges du monde. Il distingue l’âge d’Or, puis l’âge d’argent, l’âge de Bronze et enfin, la race de Fer. Succession que j’ai eu l’occasion de développer dans une suite de tableaux a tempéra.

L’âge d’Or : l’homme vit parmi les dieux sous le règne de Chronos.
L’âge d’argent : l’homme découvre le travail, créé l’agriculture.
L’âge de Bronze : période guerrière et coupable, l’homme va à sa perte.
L’âge de Fer auquel nous appartenons : l’homme est soumis à la démesure au labeur, à la maladie et encore aux injustices, avec la perte des valeurs, des vertus.
 Selon Héraclite, l’Univers est sans cesse en mouvement. Né avec le feu il disparait par le feu. Et il y a une cyclicité du monde qui fait que le feu devient eau et réciproquement. C’est un principe divin, l’intelligence du dieu Logos, c’est l’éternel retour. Avec Hésiode et Héraclite la fin du monde n’est qu’un passage avant le Retour. Les Romains se sont inspiré de la pensée grecque et ont hérité de l’idée des âges et pensé que l’humanité vivait maintenant son déclin.

En Perse puis en Inde du Nord
le Zoroastrisme est la religion officielle jusqu’à l’islamisation du pays au VIIème siècle. Cette religion est la première manifestation du Monothéisme et aurait influencé le judaïsme, lorsque les Juifs furent libérés par Cyrus du joug de Nabuchodonosor à Jérusalem.

De nombreux textes du Zoroastrisme nous sont parvenus. Le zoroastrisme est dérivé du Mazdéisme. Le texte sacré est l’Avesta. Le Mazdéisme est dédié au dieu Mazda et reprise par Zarathoustra (ce nom fut hellénisé en Zoroastre.)
Des textes (les Gathas) disent  que Mazda est le dieu Suprême, qu’il est le créateur du monde, de l’ordre cosmique et des valeurs morales. Dans la religion de Zoroastre l’essentiel est la Morale de la Victoire du bien sur le Mal. Avec Zoroastre on refuse la maltraitance des bêtes comme des hommes et on rejette aussi le sacrifice des animaux. Pour ne pas souiller la terre on expose les cadavres aux sommets des « tours du silence » pour les charognards.
Le culte de Zoroastre donne une grande importance au conflit de ces deux esprits jumeaux : le Bien et le Mal. A la fin des temps on assiste à une régénération du monde et à la victoire définitive de la Lumière sur le bien et le mal.

– L’Apocalypse de Jean de Patmos
Il y a plusieurs Apocalypses de Jean. La plus connue évoque Jean exilé sur l’île de Patmos : il écrit aux églises d’Orient pour leur dire une Révélation : c’est un Ange du Christ qui révèle ce que sera la Fin des Temps.
Le texte de l’Apocalypse dévoile le passé, le présent et le futur avec des allégories et des symboles. On y lit la représentation allégorique de Dieu combattant le Mal. Et il y a des créatures effrayantes, démons, dragons, bêtes à 7 cornes, la grande prostituée, l’Antechrist, les cavaliers de l’Apocalypse, l’ange des catastrophes naturelles, les coups de trompettes et l’agneau. Ce sont des textes étranges à grand succès pour chercher dans ces récits fantastiques, des réponses sur la fin des Temps… Chaque invention d’une nouvelle arme peut annoncer un des fléaux du texte de St Jean : chars d’assaut, bombe atomique, bactériologique etc.

"La Tour de Babel" Tempera sur toile - 500 cm x 300 cm - R. Dumoux
« La Tour de Babel » Tempera sur toile – 500 cm x 300 cm – R. Dumoux

Pourquoi cette compilation sur les déluges et récits historiques ?
Elle permet de mettre un ordre, une chronologie mais aussi elle me sert à informer le lecteur. Dans l’ensemble, la plupart de ces faits sont transposés dans mes dessins et dans mes toiles ou panneaux a tempéra. Actuellement d’autres toiles de 5 mètres x 3 sont  envisagées sur ce thème des Apocalypses et fins du Monde.

Un long travail en vue sur des années.

Ces différentes manifestations, expressions de l’Apocalypse me permettent de dessiner, de composer, de créer en fonction aussi de ce que nous vivons, de l’actualité, de la fragilité et du sublime.
L’ensemble de mes panneaux a tempéra ou de mes toiles de 2 ou 3 mètres s’inspire de mes collections de dessins  continus sur des années jusqu’à maintenant 
Et je désire les communiquer à tous pour les mémoriser de façon claire et lisible, comme par le biais de mes réalisations artistiques à ce propos.

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"Résurrection" Tempera sur panneau de bois marouflé - R. Dumoux
« Résurrection » Tempera sur panneau de bois marouflé – R. Dumoux

Le travail de la courbe en art

Image à la Une : Vue de mon atelier avec au premier plan un grand dessin en courbes

Dès les débuts de l’Art, la courbe prévaut, peut être à l’imitation de la Nature ou simplement épousant  le geste de la main qui spontanément ne maitrise pas complètement la  ligne droite, pour suivre un élan naturel.

Dans les premières étapes de mon travail la courbe s’est imposée. Nous en avons parlé précédemment en évoquant les ondulations de la chevelure ou les courbes parallèles des reliefs terrestres ou des  fossiles.
La courbe pour moi s’est imposée dès mes débuts dans mes dessins ou gravures et peintures.  Ce furent alors d’innombrables pages de courbes parallèles  qui peu à peu évoluaient et se transformaient dans un sens plus précis  comme des corps vivants qui se tordent jusqu’à des masques ou devenaient des arbres ou racines tortueuses.

Je pensais cela et en même temps découvrais les rochers de Gavrinis  aux décors de  courbes abstraites ou aussi à Carnac.
Je pensais aussi aux masques africains ou  aux tatouages ou  aux courbes de nivaux de l’art égyptien ou encore aux tatouages des Maoris avec leurs courbes parallèles infinies.
Ce furent de vrais études d’art à l’école de la Préhistoire ! Sous l’œil des Vénus plantureuses  de  Lespugue et Willendorf et des Vénus stéatopyges qui se trouvent être à l’origine de l’Art.
Ainsi fut mon chemin qui me conduisit à nommer cette période de ma création  » le Courbisme  » qui semble à l’origine de l’Art .

Le parcours était long et peu à peu il me vint à la pensée de progresser dans le temps et d’envisager les périodes de l’humanité plus évoluées ou de grande culture. Si l’antique  est riche en art de la courbe  (les voiles courbes ciselés dans le marbre des Grecs  en sont un bel exemple, dessinés jadis avec minutie en école de Beaux Arts), le moyen âge voit dans son œuvre phare, le livre de  Kells, l’acmé  de  la floraison de la courbe.
De même qu’elle se remarque dans le livre que j’ai sous les yeux à propos de  la Bible de Chartres. Et la courbe se retrouve essentielle dans l’art des enluminures au cours des siècles médiévaux.

Ce  voyage  accompagné de courbes est aussi évident au 16ème siècle avec l’école de Fontainebleau et se poursuit dans les siècles suivants  pour exalter la vitalité de la pensée de l’Art.
C’est la Pensée qui vit, se développe pour créer, peindre, sculpter, écrire, inventer. ..

Cette pensée de l’Art animée par la courbe revient actuellement dans mes grands dessins figuratifs de personnages et compositions figurées.

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Mise en place du dessin d’une toile dans mon atelier – R. Dumoux ©viapictura.com

 

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Dessin sanguine sur papier – R. Dumoux

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Dessin sanguine sur papier – R. Dumoux

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Dessin sanguine sur papier – R. Dumoux

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Dessin sanguine sur papier – R. Dumoux

 

A propos de Pattern Art

Image à la une : « Moïse sauvé des eaux » Assemblage bois et carton peint – 220 x 100 cm – R. Dumoux

Dans un précédent article il a été compris l’importance de ce mouvement pictural Pattern et de son influence sur mon travail pictural de l’époque.
De plus il y eut des suites sur le plan du décor, de l’objet et des œuvres en volume et cela en rapport avec Arts and Crafts au  19ème siècle avec William Morris par exemple, en Angleterre.
Ainsi pour moi ce fut une approche plus précise du décor inspiré par les créations de Arts and Crafts ;
Mes toiles se sont transformées avec l’adjonction de constructions en bois orthogonales, dont les vides seront  animés de petites toiles peintes. Ces  créations évoquent des fenêtres animées de toiles peintes colorées ou bien de paravents plus ou moins ajourés avec des peintures qui d’ailleurs sont parfois animées de  figures. (Voir ici : http://www.viapictura.com/pages/assemblages.html)
Telle fut mon évolution vers le relief et la construction de décors en trois dimensions.

A la suite de cela et toujours dans cet esprit du relief, j’ai réalisé un nombre considérable de peintures sur cartons de grandes dimensions avec des agrafages de  bois et planches de diverses épaisseurs. Compositions figuratives, comme ces deux Crucifixions de 4 mètres x 2,90 m chacune et de bien d’autres compositions mythologiques ou symboliques inspirées de l’Antique.
J’ai réalisé avec ces sortes de reliefs de nombreux assemblages peints. La surface peinte n’était plus plate mais faite de reliefs peints donnant à ces tableaux l’impression de bas-reliefs peints.
Tout cela me rapprocha de mes compostions figuratives déjà largement abordées dans mes multiples dessins et gravures  sur cuivre.
Un développement nouveau allait avoir lieu… du côté de l’Histoire.

R. Dumoux
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« Crucifixion », assemblage de bois, carton et planches peintes, 400 x 290 cm – R. Dumoux

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Assemblage de bois, planches et toiles peintes – R. Dumoux

PATTERN ART

Image à la Une :  Toile de Raymond Dumoux – 150 x 200 cm – 1984

Ce nom est l’appellation d’un mouvement pictural en Amérique dans les années 75 à 85 ou 90. Mouvement assez bref mais d’une portée intéressante et qui eut pour mon travail une certaine influence. Plusieurs expositions de ce mouvement ont été organisées à Vienne ou Aix le Chapelle.
Cela correspondait aussi à New York à une rétrospective de Myriam Schapiro et d’autres artistes qui présentaient dans l’art actuel récent la relation avec Arts and Crafts, entre le décoratif et l’artisanat.

Ce mouvement résulte de la volonté des artistes du moment, de puiser une inspiration dans les Arts décoratifs.

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Miriam Schapiro
The Beauty of Summer, 1973-1974
Acrylic, fabric on canvas, 70 x 50″
© Miriam Schapiro/Artists Rights Society (ARS), New York
Courtesy Eric Firestone Gallery

On inversa ainsi le Hight and Low sans intégrer par exemple le Pop et les médias et leurs produits. On s’approche ainsi de quelque chose de plus addictif (de moins réducteur) comme ci-dessous Robert Zakanitch, le fondateur de Pattern, en s’attachant à diverses traditions de l’Ornement.

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Big Bungalow Suite III, 1991-92, Acrylic on canvas, 11 x 30 ft. Collection of the Artist. (Installation View: The Nerman Museum of Contemporary Art, OverlandPark, KS, 2015

Aussi à partir des années 78-80 j’ai été très attiré par les diverses réalisations du Pattern.
Je dois dire que précédemment j’ai beaucoup travaillé dans le sens de Support-Surface sur toiles libres mettant en valeur des trames répétitives constituant des géométries faisant apparaitre les formes de losanges de carrés ou carrés sur la pointe dans un nombre considérable de toiles libres traitées de cette manière, toutes de dimensions variables de 150 ou 200 voir 300 cm. C’est un corpus d’au moins 150 à 200 toiles sur 10 ans. Cet ensemble parait suffisant pour me permettre d’en parler d’autant qu’il a une importance sur l’évolution de mon travail au cours des années à venir.
Cette caractéristique abstraite géométrique m’interpela pour créer des éléments figuratifs qui prenaient ainsi racine dans les trames colorées. Parfois au début il s’agissait simplement de faire intervenir une tige de feuillages sur le côté de la toile, perturbant la surface d’ensemble plutôt minimaliste.

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Raymond Dumoux – Toile 150 x 200 cm – 1984

De véritables compositions figuratives virent ainsi le jour, inspirées de photos de presse, de petits croquis personnels, de paysages ou figures noyés ensuite dans des jeux de trames.
Procédé qui me plut d’autant qu’il me rappelait beaucoup certaines techniques de miniaturiste.

Cela m’apprit aussi la manière de la grande peinture composant un tableau classique (Poussin) à partir de bandes verticales et horizontales, très pertinentes et proches de la trame des pixels de l’image informatique.
Ainsi l’image de l’œuvre s’enrichit de plus en plus avec des figurations et des compositions très marquées.

Ces compositions furent imaginaires, fantaisistes ou bien simplement inspirées de canevas de tapisseries populaires ou de compositions très classiques reprises des maître du passé.

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Raymond Dumoux – Toile 150 x 200 cm – 1986

Un grand développement se déroula pendant des années recherchant la séduction de sens et de couleurs des arts classiques que ce soit la tapisserie, le vitrail ou les sujets bibliques ou encore les thèmes sensibles et romantiques ou troubadour.
Cette veine importante de mon travail se déroula de 1974 à 1985 environ, en glissant de plus en plus vers une peinture assez « classique » liée aussi à la mise en évidence bien marquée du Métier de la peinture et de ses exigences. Études réalisées dans leur complexité depuis 1968, 1970.
Conjointement pendant toutes ces années le travail fut complexe en dessins (plume, mine de plomb) et gravures sur cuivre au burin, en pointe sèche ou à l’eau forte, à propos des mêmes thématiques, fonctionnant comme une diffusion de ces tableaux.
Tout se définit alors de mieux en mieux pour élaborer de véritables compositions picturales regroupées parfois par thèmes précis, de la mythologie au biblique ou évangélique.

Ainsi furent réalisées des séries à propos d’Ulysse, de Moïse, des Bacchanales ou issue du Romantisme populaire, lyrique, théâtral avec les figures des romans populaires.

Ce projet ainsi retracé de mon travail est une approche partielle car j’ai l’intention de remonter dans le temps, pendant les années ou je pratiquais un art à la fois abstrait surréaliste et aussi bien déterminé classique dans ses sujets.
Il se peut aussi que je démarre un projet à partir de mes innombrables dessins de courbes répétitives toutes de format A4 datant de 1963-1964, de mes origines avec mes deux mille dessins de toutes obédiences. La courbe a en effet une grande importance dans tout mon travail comme élément premier, élément de vie, de naissance, à l’instar de mes actuels dessins en 2019, tout de courbes et traitant de figures et de compositions symboliques.

De même il se peut que, en fonction d’évènements ou de la vie, j’abonde dans le sens de l’historique, du préhistorique, archéologique ou civilisationnel, voie que j’ai déjà entamé pour partir à la découverte de mondes anciens mais nouveaux qui répondraient à notre quête assoiffée de ce Sens maintenant perdu dans les brumes de la banalité.

 Je reprendrai le cursus de mon travail là où je l’ai laissé en 1998 ou un peu avant avec mon ensemble monumental peint de 65 toiles de 5 mètre sur 3 qui peu à peu m’a offert, s’en m’en rendre compte, une grande ouverture sur l’histoire du monde et des civilisations.
C’est une sorte d’appel vers l’ethnologie qui semble offrir maintenant, une destination non partisane à l’art et opposée aux répétitions des années passées ou opposées aussi à l’exploitation de la banalité quotidienne comme elle a cours si souvent maintenant.
Ainsi peut se développer et éclore aujourd’hui cette grande découverte du monde bien nécessaire à notre humanité pour laquelle nous recherchons un sens.

Raymond Dumoux
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Raymond Dumoux – Toile 150 x 200 cm – 1984

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Raymond Dumoux – Toile 150 x 200 cm – 1986

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Raymond Dumoux – Toile 150 x 200 cm – 1986

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Raymond Dumoux – Toile 150 x 200 cm – 1985

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Raymond Dumoux – Toile 150 x 200 cm – 1984

 

Les dessins de Villard de Honnecourt

Image à la une : Dessin de Villard de Honnecourt – © BNF

Villard de Honnecourt est né au XIIIe siècle à Honnecourt sur Escaut. Son recueil comprend 250 dessins dont un certain nombre d’architectures.
Il a travaillé à la constriction de cathédrales comme Reims, Chartres, Cambrai, en Hongrie aussi ou à Lausanne.

Depuis de nombreuses années les dessins de Villard de Honnecourt m’ont beaucoup inspiré, sur le plan du Graphisme linéaire, sur la silhouette de ses figures très vibrantes.

Son carnet de 14 x 22 cm présente de nombreux dessins que l’on peut réunir sous divers thèmes :

– des planches naturalistes
– des calligraphies
– des personnages avec des allégories
– des dessins d’architecture (cathédrales) et aussi des tracés géométriques abstraits
– des engins et machines militaires et de chantier pour des gros travaux

L’ensemble des dessins de Villard de Honnecourt m’a toujours inspiré depuis les Beaux arts en raison du tracé très linéaire et à base de courbes. Ses lignes ont eu en moi une grande influence depuis très longtemps, pour mon travail de dessin constitué de courbes parallèles (par exemple au début avec les 2000 dessins ou bien les grands dessins de courbes de très grandes dimensions, dessins monumentaux)
Et aussi en raison du caractère naturaliste stylisé des personnages.

-> Feuilleter le carnet de Villard de Honnecourt sur le site de la BNF

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Dessin de Villard de Honnecourt – Carnet – © BNF

 

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« Les 2000 dessins » – Mine de plomb sur papier – Raymond Dumoux

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« Les 2000 dessins » – Encre sur papier – Raymond Dumoux

Regards sur l’Art et la pensée de l’Art (7)

Image à la Une : « Enluminure du Sacramentaire gélasien de Chelles » Crayon de couleur et mine de plomb sur papier – Raymond Dumoux

(Articles divers au jour le jour…)

Ce Jour de Janvier, en ce début d’année, mois de Janus, il apparait que notre époque met bien en évidence l’anachronisme régnant.

On peut, comme le fait remarquer Jean Dibbets, distinguer l’anachronisme des revivalismes apparus au 19e siècle jusqu’à nous, avec toutes les expositions que nous avons pu visiter à Paris, jusqu’au postmoderne et au retour à la figuration.

L’approche anachronique ne se confond pas avec le simple goût de la citation mais cherche  plutôt à créer des « constellations », des passerelles qui vont révéler l’ancien dans le nouveau  et le nouveau dans l’ancien.

Plusieurs exemples dans mon travail pictural semblent exprimer cet état de fait, lorsque dans la même image se côtoient des constructions géométriques abstraites minimalistes et des compositions figuratives inspirées de la mythologie  ou de la Bible.

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Composition géométrique – Composition figurative 5 mètres x 3 – Raymond Dumoux

Il me semble nécessaire de revenir prochainement à cette alliance entre figure et géométrie. Entre art médiéval et art actuel.

Ci-dessous, des œuvres de Raban Maur (Art carolingien) pour les poèmes des Louanges à la Sainte Croix. (De Laudibus Sanctae Crucis de Raban Maur, 875).

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Regards sur l’Art et la pensée de l’Art (5)

Image à la Une : Empilements, accumulations de mes œuvres

(Articles divers au jour le jour…)

Cependant dans l’accumulation de mes réalisations, dans les divers ateliers et endroits où je travaille, il me faut effectuer des rangements, des classement, dans ces lieux de 220 ou 230 m2 environ, complètement occupés de mes toiles monumentales, grandes toiles, panneaux a tempéra ou caisses de gravures, de  dessins

Alors que je suis occupé à classer quelques épreuves de gravure  sur cuivre  abandonnées, je redécouvre  un livre sur Uccello. Je m’arrête à la bataille de San Romano et sur son Saint Georges et le dragon, thème (avec le St Michel quoique différent) qui m’est bien familier, et que j’ai souvent développé en gravure ou sur panneaux  a tempéra  comme sur des grandes toiles murales de  2,5 mètres x 1,5 m. Uccello, ce personnage solitaire  mélancolique reste pour moi un monument de la culture occidentale.

Bien d’autres points de vue seront abordés dans cette pensée de l’art.

Raymond Dumoux
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Paolo Ucello – Saint Georges et le Dragon

Regards sur l’Art et la pensée de l’Art (2)

Image à la Une : vitrine étagère placée derrière ma chaise à la table de la cuisine

(Articles divers au jour le jour…)

Mes dessins se poursuivent et cette fois se rapportent aux miniatures de Christine de Pisan dans l’Épitre à Othéa. Ou bien encore avec les miniatures du Cantique des Cantiques au 13éme siècle en Italie.

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« La Roue de Fortune » – Crayon de couleur et mine de plomb sur papier – Raymond Dumoux

Et parfois, sur le coin d’une table de ma maison qui est peu à peu une sorte d’atelier, (chaque pièce étant ainsi), je parcours les chapitres de la Légende Dorée et les récits de la vie des figures historiques.  Telle est ma source  d’inspiration pour le moment.

La table de cuisine est destinée aux repas mais aussi à mes dessins  quotidiens  avec sa vitrine étagère placée derrière ma chaise. Sur cette table, le titre d’un volume m’interpelle : « Chagall, Lissitzki, Malevitch ». Je revisite le constructivisme, le suprématisme à cette époque après la révolution Russe à la suite des malheurs et désastres  et  après le massacre de Nicolas II et  de sa famille. Je comprends le choix de  Chagall de quitter  Vitebsk et son école populaire d’art  pour  travailler sa peinture à la  façon d’un poète, d’un grand inspiré. Alors que l’école d’Art de Vitebsk va se diriger vers un certain nombre de poncifs plus pratiques. J’en parlerai mieux bientôt.

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« Le Cantique des Cantiques » Ébauche d’un panneau a Tempera – Raymond Dumoux

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Regards sur l’Art et la pensée de l’Art (1)

Image à la une : « Tête sculptée – Afrique » (détail) – Crayon de couleur sur papier – Raymond Dumoux

Articles divers au jour le jour

A titre d’exemple, cet article et les suivants font référence à mes recherches et pensées  sur l’art pour une période assez brève de quelques jours pendant plusieurs mois.
De multiples sources se présentent : les images, les livres, les articles de revue, les photos d’œuvres d’art, les noms d’artistes de tous les temps et aussi les photographes, vidéastes, graveurs et dessinateurs, les images publiées sur internet, tels des documents sur l’Égypte ou sur  Jérôme Bosch et les grandes expositions en Art… etc.

Ainsi ce jour mon regard  se porte sur une compilation, un énorme livre, très lourd, d’au moins 5 ou 6 kilos : c’est l’œuvre d’un chinois Ai Wei Wei. Ce mois ne me suffira pas pour l’épuiser, pas plus que l’observation des 10 milliards de graines de tournesol (en céramique émaillées) et  transportées à Londres avec mille chinois à la Tate Galerie.

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Sunflower Seeds (Graines de tournesol) (détail), 2010, porcelaine peinte à la main, 12 x 8 x 0.1 cm
© Studio Ai Weiwei

Je regarde des vues, je lis des titres d’article et remarque les photos. Je regarde avec attention les sculptures de Charles Ray ou de John de Andrea qui était présent  au Petit-Palais à Paris avec une très belle sculpture qui peut évoquer l’hyperréalisme. En effet la  technique est très étonnante et mérite d’être étudiée de prés.
Alors la sculpture égyptienne que  je rencontre souvent dans mes lectures, s’impose à mon imagination .

Je revois de multiples séances de dessins d’après l’antique. Ce sont alors les Assyriens, Gilgamesh puis les nus dans l’art grec, Praxitèle, Lysippe ou Phidias avec des retours à l’imagination des sarcophages et des momies égyptiennes jusqu’au chat momifié  accompagné des innombrables statuettes des tombeaux, les fameuses Ouchebtis sous le regard des portraits du Fayoum.

S’en suivent quelques uns de mes dessins  qui pourront figurer dans certaines de mes  compositions de gravures ou de panneaux a tempéra ou de grandes toiles.

Raymond Dumoux
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La sculpture actuelle

Image à la une : un lion en basalte néo-hitite du temple d’Aïn Dara en Syrie – 1300-700 avant J.C.

Égyptiens, Assyriens, le Bas relief d’un lion blessé à Ninive que j’ai eu l »occasion de copier en terre il y a des années, la porte d’Ishtar … Rodin,  Maillol etc ou Julio Gonzalès

Et récemment cette découverte des lions sculptés au Temple de Aïn Dara en Syrie (temple de 3 000 ans, détruit par les turcs fin janvier 2018)

Les chefs-d’œuvre de la sculpture demeurent ou renaissent.
J’ai beaucoup dessiné à partir de l’antique grecque, romaine ou d’Assyrie, de la sculpture de Rodin comme récemment à partir de ses dessins Noirs. De même en ce moment je dessine à partir de Maillol, comme avec les lions ou taureaux en céramiques colorées du Musée de Berlin avec les chefs-d’œuvre de Pergame.

Mon approche de la sculpture : l’Art des sculpteurs des lions en Syrie m’a fasciné par leur aspect très stylisé mais en même temps très naturels avec leurs proportions et aussi avec un dessin très appuyé, qui est gravé, incisé avec vigueur ..

J’ai alors pensé à la gravure en taille douce, du moins celle qui évite le flou vaporeux pour ne faire que du trait. Caractéristique puissante qui se retrouve dans l’Art de la Médaille  et des Camées (depuis Rome jusqu’ à nos jours). Art qui lui même va évoluer vers le Bas Relief  et s’affirmer jusqu’à la Ronde bosse.

Jusque là, j’ai participé à la sculpture du XXéme où domine l’art du collage (comme avec Dada ou  Schwitters), et de la soudure avec le fer soudé de Julio Gonzalès, César. Depuis Mark di Suvero ou Serra ou Stella puis avec Tingueli et les italiens ou autres anglo-saxons que l’on connait bien.

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« Sculpture assemblage » : iron and wood – 40 x 30 cm – Raymond Dumoux

Cependant cet art détruit, saccagé à coups de masse au Moyen-Orient depuis les Bouddhas de Bamian jusqu’à la Syrie où le temple, le Tétrapyle à Palmyre fut anéanti et cependant demeure vivant dans l’esprit.

Cet Art ne fait que constituer un Appel vers tous ces grands chefs-d’œuvre universels y compris en Afrique Noire (au Nigéria, la sculpture d’Ifé) où sont apparues ces admirables portraits sculptés en Ronde Bosse, si fameux depuis les Grecs, depuis Phidias et les frises du Parthénon, ou l’art  de Praxitèle.

Ayant réalisé dans ma recherche sur la sculpture des collages mais aussi des  assemblages parfois taillés de matériaux naturels ou artificiels, j’ai aussi approché de plus près la véritable sculpture ou encore le Modelage dans de petites statuettes en argile mais de petites tailles ; semblables à certains modelages de l’art Brut en argile ou mie de pain.

Peu à peu ces réflexions sur la sculpture m’ont conduit à considérer La Ronde Bosse chez Rodin ou chez Maillol. Ces deux œuvres étant nées d’une pratique prolifique du dessin.
Et suite à ces destructions guerrières des grands chefs-d’œuvre et par l’affaiblissement de la sculpture vers le spectaculaire mais sans le métier spécifique, j’ai été amené à reconsidérer cet Art de la sculpture dont on a presque oublié le nom.

Peut être une nouvelle orientation pour mon travail s’annonce, même de façon modeste ?

Après un long travail de dessin gravure et peinture y compris selon des dimensions monumentales ou bien aussi avec la pratique du métier dans des panneaux a tempéra (www.viapictura.com) la sculpture m’est déjà apparue avec une première réalisation cachée dans une caisse en bois : il s’agit d’une tête sculptée dans un bloc de ciment  granuleux, comme un masque ou un portrait funéraire couché où les traits du visage à peine esquissés sont comme la mémoire d’un proche disparu mais qui reste présent de façon intemporelle.
Cette tête m’a évoqué un instant le masque égyptien dans son sarcophage découvert au musée Guimet à Lyon. Il s’appelait Aménophis III.

NB
Il ne semble pas possible d’achever cet article sans évoquer en quelques lignes la présentation de la sculpture polychrome au musée d’Orsay.
Sont mis en évidence les liens qui existent entre la Couleur et la Sculpture au cours des siècles.
De l’Antiquité Gréco-Romaine au Moyen-Age, à la Renaissance, puis au XVIIéme siècle jusqu’au XIXéme siècle et XXéme.

R. Dumoux
www.viapictura.com